Extraits tirés du catalogue de l’exposition Mise au Point, galerie Anton Meier Genève, mars 1990, texte de Soreya Hestermann Azarmsa
Les toiles de Philippe Lagrange, bien que figuratives, ne sont pas des récits. Chaque tableau est un tout, un monde en soi. Cette peinture possède son langage et son fonctionnement propre. La technique des aplats, le dessin concis répondent au besoin d’élaborer une peinture claire, « propre ». Ainsi l’artiste parvient à mieux se distancer de son sujet et force aussi le spectateur à opérer ce qu’il nomme volontiers « l’hygiène de la vision » a), ou apprendre à voir au-delà de la forme première. Si des effets inhabituels sont tolérés, tels des traits de crayon, des hachures ou une technique pointilliste, c’est que ces moyens répondent à une idée définie.
Dans la peinture de Philippe Lagrange, on trouve aussi bien des clins d’œil donnés à la peinture néo-classique, David en particulier, qu’à celle de Max Ernst, de Duchamp, des impressionnistes, des cubistes ou de la gravure et de la peinture du 18e siècle. L’archéologie, le monde de la publicité, toute une symbolique extraite du quotidien, une par d’éso-térisme: tout emplit l’esprit du peintre, avide d’exploiter au mieux les moyens de la peinture. Car seule la peinture peut le mener sur le dur chemin de la Connaissance. Pour l’artiste, il n’y a d’au-delà possible que par la peinture. « s’il y a transcendance dans l’individu, elle passe par des médiums de ce genre ».
Soreya Hestermann Azarmsa